L’œuvre toute entière de Dina Thun est marquée par le changement profond vécu par la population cambodgienne qui, essentiellement rurale, a opéré un mouvement rapide vers la ville lorsque la paix dans le royaume est revenue.
Ce changement porteur d’espoir se traduit dans les noms donnés à ses deux premières expositions personnelles : « Chrysalis » (chrysalide) et « Flourished » (fleurir, prospérer). Ce n’est pas un simple déménagement, c’est une mutation, une transformation de la vie, une transition, une renaissance. Et pourtant…
Pourtant dans cette ville, symbole de modernité, espoir d’une vie meilleure, impossible de ne pas repenser à ce qu’on a laissé de sa vie antérieure, de la simplicité du quotidien, de ses rêves d’enfants : la nature reste omniprésente avec l’évocation d’une fleur, d’un oiseau, d’un plan d’eau, mais c’est une nature-souvenir, une nature-nostalgie. A la ville, la nature fait appel à la mémoire. Vouloir perpétuer un mode de vie rural à la ville est illusoire. Les activités traditionnelles, comme la pêche, n’y ont pas leur place. Ce sont là encore des souvenirs auxquels Dina Thun fait appel.
Dina Thun se souvient de ce que la perspective de vivre dans la capitale le remplissait d’espoirs, lui comme tous ceux qui voulaient quitter leur campagne pour aller à la ville d’ailleurs : la promesse du succès, du travail, du bonheur… Ce sont ces espoirs, ces rêves qui sont matérialisés par les aura de lumières et de couleurs enveloppant la tête de ses personnages.